En ce premier dimanche de mars, si le froid règne dans le skate park d'Arras, sur la route de Sainte-Catherine, l'ambiance sur la piste est brûlante. Les locales des Purple 2.0 affrontent dans une rencontre serrée les Sirènes hurlantes de Dunkerque. Les dernières minutes sont intenses, les chocs sévères mais corrects... et les filles de la côte finissent par l'emporter. « Le roller derby est un sport de contact, certes, mais très réglementé. Pour bloquer l'adversaire on ne peut utiliser que les épaules et les hanches. Il y a aussi la nécessité d'aller vite et une vraie dimension stratégique. Pour pratiquer, il n'y a pas de critères physiques ; tous les morphotypes sont les bienvenus ! », s'enthousiasme Laurie Herlin, l'une des fondatrices du club artésien qui compte une petite quarantaine de membres, dont 15 garçons. Depuis 2015, ils forment l'équipe RATM, un acronyme aux multiples significations (Rage Against The Machine?). Trois séances d'entraînement – pour les hommes le lundi soir, mixte le jeudi soir et pour les femmes le dimanche en fin d'après-midi – sont proposées.
Venue des États-Unis, cette discipline, héritière des courses de patins des années 30, s'est codifiée dans les années 80. Sur une piste ovale de 30 mètres sur 16, dix joueuses s'affrontent. Chaque équipe compte une jammeuse et quatre bloqueuses. La première doit dépasser le plus de fois possible le groupe des bloqueuses adverses... qui font tout pour lui fermer la route ! Autour des matchs, rythmés par les commentaires précis d'un speaker et les riffs acérés crachés par les haut-parleurs, se crée un véritable univers. Les pratiquantes s'inventent un personnage et adoptent un derby name. Ainsi pouvait-on voir ce week-end Dirty von Pussy, Black Swallow et Twerk lutter contre Kill Bitch et Coup d'Ju ! «Quand on entre chez nous, on trouve une famille », conclut Laurie Herlin.